Charabia 2017, saison 3, épisode 1
Ce soir à la cartonnerie, la soirée est placée sous le signe du « hip hop », la moyenne d'âge a sérieusement baissée, eh oui la tête d'affiche, qui va suivre, amène un public jeune mais pour l'instant c'est au tour de Kacem Wapalek d'ouvrir la soirée. Scénographie minimaliste Kacem devant et un DJ derrière mais ce n'est pas grave, Kacem Wapalek manie les mots plus que les effets spéciaux. (pas étonnant qu'il ait plu à notre délieur de mots !).
Chapeau rond vissé sur la tête, Kacem déclame, rappe et slamme avec un débit étonnant, on se demande comment il respire mais ça c'est la surface, l'enveloppe. Si le bonhomme nous balance des flows hyper-techniques, il a aussi le sens de la formule. Il s’imagine « Brassens en baggy » et joue avec les mots, jonglant entre subtiles sonorités, sens dissimulés, allitérations et métaphores. Il pratique une écriture très maîtrisée et poétique, un rap qui a plus d'affinité avec le Saïan Supa Crew qu'avec Booba.
Kacem Wapalek n'hésite pas à livrer sa vision du monde et si il illustre les travers de chacun, ce n'est jamais moralisateur ou naïf : « Je ne prétends pas être un militant. Je ne prêche que des convaincus, il ne faut pas se leurrer. Dis à des militaires de lâcher leurs armes, ils vont te rire au nez ! ».
Sur scène des textes bien écrits ne suffisent pas, il faut aussi de l'énergie et du charisme et ça tombe bien il n'en manque pas. On sent l'expérience née d'une grande habitude car Kacem Wapalek s'est construit hors des chemins habituels, construisant son public, sans promo, sans label, en allant le chercher dans les salles et sur internet. Nul doute que ce lyonnais d'origine ait posé une petite graine à Reims qui, on l'espère nous permettra de le revoir.
Jean Philippe TROTIER
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