Il est l'héritier d'une prestigieuse lignée de musiciens chanteurs qui remonte à Alfredo José Da Silva, dit Johnyn Alf ("le père de la bossa nova" selon Antonio Carlos Jobim) et à laquelle appartiennent entre autres, Joco Gilberto, Luis Bonfa, Chico Buarque et Caetano Veloso. Marcio Faraco a vu le jour il y a trente-six ans à Alegrete, dans la partie la plus méridionale du Brésil, non loin de la frontière avec l'Argentine.
Sa singularité, est de s'être frotté à toutes les cultures qui cohabitent dans l'immensité de son pays natal, tantôt s'opposant les unes aux autres, tantôt se fécondant réciproquement. Militaire de carrière, son père entraînait sa famille de garnison en garnison : à cause de ce nomadisme, on a pu dire que Marcio était "un brésilien au pluriel", imprégné de traditions musicales (baico, samba, toada, etc.) d'implantations géographiques très diverses. Sans parler de l'influence paternelle, grâce à laquelle il fut exposé très tôt au choro, style ancestral qui a engendré la samba.
Guitariste amateur, comme un très grand nombre de ses compatriotes, son père lui enseigne les premiers rudiments de la musique, tout en lui déconseillant formellement la carrière de musicien. Marcio était destiné à des études de droit, mais résiste de plus en plus mal à sa vocation. Chaque jour, il gratte la guitare en cachette, surtout à partir du moment (il a 12 ans) où sa famille se fixe à Brasilia, la capitale administrative du pays. Il prépare son bac, mais il est engagé par une compagnie théâtrale pour accompagner un de ses spectacles. Plus tard, il s'inscrit à la faculté de droit, mais passe plus de temps à peaufiner ses premières chansons (paroles et musique) qu'à éplucher manuels et grimoires. A l'issue d'une consultation organisée par un quotidien local, il est du reste, élu "meilleur compositeur de Brasilia". Bientôt, il quitte l'université où il n'aura passé que deux saisons.
Il a vingt-cinq ans lorsqu'il décide d'aller tenter sa chance à Rio de Janeiro comme auteur-compositeur-interprète. Des vedettes populaires telles que Cassia Eller ou Milton Guedes enregistrent certains de ses titres. En dépit de ces débuts prometteurs, Marcio n'est pas satisfait. Non seulement, comme il le confiera dans une de ses œuvres ("Vida ou Game"), il doit mendier le droit d'exercer son art, mais il éprouve le sentiment que les nouvelles tendances de la musique brésilienne tournent le dos à l'esthétique qui avait conquis le monde dans les années 60. En tous cas, il ne se reconnaît plus en elles. Et il ne veut surtout pas céder à la pression des modes éphémères, lui qui a trouvé chez Joco Gilberto l'idéal d'une beauté intemporelle.
C'est ainsi que, paradoxalement, il s'exile afin de rester mieux fidèle à ses racines. En 1992, il vient s'installer à Paris, où il rencontre Didier Sustrac, qu'il accompagne sur scène et en studio, tout en entreprenant l'écriture de son premier album personnel, ce Ciranda (ronde) rêvé puis ciselé avec amour pendant plus d'une demi-douzaine d'années.
Il participe alors au "Taratata" spécial Brésil où il accompagne Chico Buarque. Les deux hommes se lient d'amitié sur le plateau de l'émission.
Grâce à Chico, qui s'est fait son avocat au Brésil, Marcio participe aux côtés de plusieurs légendes vivantes, dont Maria Bethânia et Hermeto Pascoal, à un hommage phonographique rendu à Jobim, mort en 1994. Il enregistre ensuite trois duos vocaux avec Clémentine, pour le disque Couleur Café que la chanteuse publiera en 1999 au Japon, où elle fait fureur.
A ce moment là, l'album Ciranda est terminé. Le projet séduit Universal Music Jazz qui propose un contrat d'exclusivité à Faraco et met à sa disposition les moyens de concrétiser son vieux rêve dans les meilleures conditions possibles. Par exemple, Wagner Tiso, l'un des plus fameux arrangeurs de Rio (il travailla notamment pour Caetano Veloso et Milton Nascimento) est pressenti pour mener l'aventure à bien. De même, on remarque la présence de Chico Buarque sur Ciranda.
Cet album apparaît comme un coup de maître. L'œuvre d'un homme qui, bon gré, mal gré a pris tout son temps pour accumuler les matériaux les plus variés, les trier, les décanter, les assembler, opérer entre eux une synthèse originale, dont il tiré la quintessence. Cette précieuse substance reflète toute la richesse et tout le raffinement d'une sensibilité exceptionnellement féconde et élégante. source :loolou.com
CONCERT A LA CARTONNERIE (REIMS) LE 10 MARS 2005
PHOTOS : LAURENT GRIGORD
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