On dit souvent que la quantité ne rime pas forcément avec la qualité. En voilà une phrase qui résume très bien le concert qu’Arto Lindsay a donné vendredi dans la petite salle intimiste de la Cartonnerie. Une cinquantaine de personnes à tout casser seulement pour cette soirée. Etant un peu à la bourre, le vigile à l’entrée calme tout de suite mon empressement : le club est … vide. Ah. Au moins comme ça, j’ai le temps de sortir l’appareil sans déverser le contenu du sac par terre !
Les minutes passent et la première partie, les Meridian Brothers, tardent à faire leur entrée sur scène. Sage décision du barman que de fermer le bar du rez-de-chaussée au profit de l’étage : au moins ça aura le mérite de faire monter le public. Petite musique de fond, quelques bières, quelques coupes, ça y est, le monde se sociabilise un peu.
Et soudain, surprise, qui voilà sur scène ? Les Meridians ! Et non, perdu, c’est Arto Lindsay lui-même et ses musiciens qui sont là devant nous. Etonnés nous sommes de voir la tête d’affiche passer en premier. Quelques interrogations saisissent le public, mais elles sont vite balayées par les premières mélodies d’Arto. Il faut dire que le style a de quoi détourner l’attention. Sur une base fortement influencée tantôt par le Jazz tantôt par la musique latine, Arto compose, presque en direct, des partitions pour sa gratte électrique. Il alterne morceaux techniques et travaillés à des moments d’apparente improvisation, maltraitant les cordes pour obtenir des sonorités aigues, à la limite du cri.
Arto est un artiste au sens large du terme. Bien souvent l’Art déroute, dérange parfois, mais toujours il interroge, et, comme toujours, l’Art a son cercle, parfois réduit, d’adeptes et d’initiés. Ce soir le cercle était bel est bien réduit, mais le peu de fidèles présents lui ont fait le beau cadeau d’être « à fond dedans » comme on dit. Il n’y a pas d’autres mots, la musique d’Arto dépasse le stade du style, c’est un concept en lui-même. Comme tout concept, il ne faut pas le juger trop vite, et essayer de le décrypter. Car sous des apparences hors du commun, se cache une indéniable qualité.
Justine Caballina - texte & photos
Laurent Grigord - photos
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