Décidément, la Bretagne évoque à l’Homme une multitude d’émotions. Que ce soit les contes chevaleresques dans la forêt de Brocéliande, ou les nuances si particulières de bleu et de vert si chères aux impressionnistes, ou encore cette nostalgie d’un pays qui tente de conserver son indépendance, la Bretagne ne laisse jamais indifférente, même si elle sait aussi transmettre à de rares occasions un certain agacement lorsqu’on se fait arroser copieusement en plein mois d’Aout …
De tout cela, Miossec en a imprégné sa plume de poète nostalgique, engagé et follement amoureux de son pays. La vie l’a mené, peut-être un peu malgré lui à « l’étranger » (hors des frontières Bretonnes), mais en 2007, il décide de retourner dans le Finistère.
Ne connaissant pas le moins du monde ce que faisait Miossec, c’est sans a priori aucun que j’ai assisté à son concert, ce 11 février dernier. Le plus troublant de cette soirée, c’est quand les mots collent aux faits. Chacun connait des moments heureux, des moments moins agréables, parfois difficiles, et si les moments d’une vie devaient être chantés, sans doute certains morceaux seraient tirés des albums de Miossec. Certains sont tellement « vrais » dans leur vécu, qu’on arrive à s’en approprier la moindre parole. Chaque subtilité d’écriture prend son sens, sens caché pour qui ne prêterait qu’une oreille insouciante. Je pense notamment à « Je m’en vais », ou encore « Le plaisir, les poisons », qui cumulent mélancolie, regrets, souvenirs passés trop vites, et blessures parfois.
Dans le veine de Gainsbourg, et j’oserais dire un peu d’Yves Jamait, Christophe Miossec EST la chanson française. Il sait écrire, mais par-dessus tout, il sait toucher son public de la pointe de sa plume. Il n’y a pas que les dessins qui savent être incisifs (…), et pour cette première expérience « Miossec », je dois dire que j’ai aimé, vraiment. Un peu abîmées, un peu mélancoliques, les mélodies douces amères de Christophe savent être à la fois virulentes, tendres mais aussi parfois un peu crues, pour prendre un peu plus de force.
Si vous êtes triste, vous pleurerez sans doute sur certains morceaux, si vous êtes rageur, vous râlerez avec Miossec, et si vous êtes heureux, vous saurez déceler les pointes de bonheur qui percent dans chacun de ses textes. Sous des nuances sombres, ses compositions contiennent toujours un peu de clarté, comme le soleil à travers l’orage, comme le phare à travers la tempête …
Avec une set list bien remplie (25 morceaux !), le Breton a conforté sa position de force chez les adeptes de la belle écriture, et de la langue française. J’ose espérer qu’il aura aussi converti les non-initiés comme moi à sa musique. Je dois avouer que parfois, notre langue maternelle nous permet de mieux ressentir la musique et donc de mieux l’apprécier, puisqu’on ne fait alors pas que l’écouter : on entend ce que veut dire l’artiste qui se donne tant de mal sur scène et sur la feuille de papier.
Justine Caballina - texte & photos
Laurent Grigord - photos
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